Élaïsa Légaré, prédestinée à nager

21 juin 2023 – Dans le cadre de la Journée nationale des peuples autochtones qui est célébrée le 21 juin, Natation artistique Québec souhaite mettre en lumière le travail et la réalité d’Élaïsa Légaré, athlète au club Dollard-Synchro.

Grande passionnée dans la piscine, la jeune nageuse de 14 ans est aujourd’hui non seulement une fière compétitrice, mais aussi fière de ses racines inuites qu’elle tient de son père Charlie, originaire de Salluit, dans le nord du Québec.

Élaïsa a commencé à nager à l’âge de 9 ans et elle a rapidement voulu passer au niveau compétitif.

« Elle aimait vraiment l’eau et j’étais tannée de courir à gauche et à droite entre ses cours de danse et les cours en piscine, alors on s’est dit pourquoi ne pas danser dans l’eau ? » explique en riant la mère d’Élaïsa, Mélanie Légaré, ajoutant que sa fille « ne voulait jamais quitter l’eau ».

Lorsque l’on apprend que le deuxième prénom d’Élaïsa est Sanaaq, qui est aussi celui de sa grand-mère, on se dit que l’adolescente était prédestinée à pratiquer ce sport.

« Sanaaq, c’est la déviation de Sedna, la déesse de l’eau. […] Élaïsa est souvent allée à Salluit, mais elle n’y a pas habité. Tout le monde à Salluit sait qu’elle nage. »

Les défis de la vie
Les dernières années de la jeune nageuse ont été marquées par des défis importants, en plus de celui de la pandémie. Elle a été blessée à un genou, il y a deux ans, et a dû subir deux opérations pour soigner un ménisque, ce qui l’a tenue à l’écart pendant deux ans. Elle a repris la compétition en novembre dernier, mais cela a eu comme conséquence de retarder sa progression vis-à-vis ses coéquipières.

À cela s’ajoute le nouveau tournant qu’a pris sa vie de famille lorsque son père a dû quitter la région montréalaise pour retourner travailler dans le système scolaire du Grand Nord. Conséquemment, les occasions pour Élaïsa d’être en contact avec la culture paternelle étaient un peu moins présentes, constate Mme Gagné.

« Avant, la rencontre avec les Inuits se faisait presque toutes les semaines. Toute petite, elle était entourée de femmes inuites très fortes. Depuis quatre ans, c’est sa tante qui a pris le relais. »

La tante en question, c’est la chanteuse Elisapie Isaac.

« Elle est entourée de femmes inuites qui ont une belle image, qui sont fortes, vaillantes et qui sont à Montréal », ajoute-t-elle.

L’émancipation d’une adolescence

C’est à petits pas que l’étudiante-athlète inscrite au programme sports-études à l’École secondaire des Sources a développé sa fierté inuite. Par les belles rencontres qu’elle a faites, mais aussi plus durement, dans des cours d’histoire, où des camarades de classe se sont moqués des peuples autochtones.

Comme le mentionne Mélanie Légaré, la défense de sa culture est maintenant une corde sensible chez sa fille.

« Elle pense que la perception des gens est négative face aux Autochtones. Je pense qu’elle a donc une certaine réticence et c’est pour cela que j’ai été surprise lorsque l’entraîneure a mentionné qu’Élaïsa avait dit oui (à la publication de ce texte). J’ai été agréablement surprise parce que je pensais qu’elle avait peur de se faire juger. »

L’entraîneure du club Dollard Synchro dont parle Mme Légaré, Laura Swift, est aussi enseignante auprès d’une population inuite dans son travail quotidien.

« Accepter qu’on parle d’elle, je trouve ça très révélateur. On s’en va dans une autre direction. On est passé de l’enfant qui ne voulait pas dire qu’elle était inuite, qui était fâchée et qui l’exprimait seulement à moi, à celle qui veut que ce soit connu publiquement. Qu’elle accepte que l’on parle d’elle, son père et moi voyons qu’elle vient de franchir un plus grand pas ! Ça fait partie d’elle. »

Élaïsa Légaré participera à ses premiers Jeux du Québec, en juillet, à Rimouski, au Complexe sportif Desjardins. Ses parents seront sur place pour assister à ses prestations.

Là aussi, ce sera une autre grande source de fierté.

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Rédaction : Sportcom pour Natation Artistique Québec